Cyril Porchet


Dans ses travaux récents, Cyril Porchet revisite le rôle déterminant qu’il a accordé au baroque depuis ses débuts avec la photographie. Il l’emploie avec une fausse ingénuité pour rendre visible l’exubérance et les excès de la société spectaculaire. Il nous présente les résultats de ses récents protocoles de travail où il met de coté la prise de vue traditionnelle pour explorer des gestes ; Déformation, saturation, surexposition, décomposition (baroque vient du portugais « barroco » qui signifie « perle irrégulière »). Il les applique ici dans son atelier, toujours en circulant autour de ses sujets de prédilection qu’il traque au quatre coins du monde : l’ornement et le pouvoir en provenance des sphères religieuses, économiques, politiques ou encore médiatiques. Toutefois, cette exposition nous offre un nouveau regard plus chaotique, on se demande si Cyril Porchet n’a pas entamé la description perspicace de la marche lente et silencieuse de l’effondrement de la société moderne vers sa ruine. Non sans fantaisie, comme le montrent ces regroupements organiques de couleur cyan aux allures de jugement dernier. Des corps y évoluent comme une ondulation liquide, des accumulations abstraites ou des éparpillements chaotiques.

L’alchimiste Cyril Porchet expérimente librement dans son atelier avec des agrandisseurs argentiques et numériques pour projeter sur papier photo les copies des négatifs originaux de ses premières séries « Vertigo » et « Seduction ». Vient ensuite le développement (révélateur, bain d’arrêt et fixateur) qui constitue une étape active à l’apparition de ces images, puisqu’il l’expérimente lui même dans son labo. Non seulement l’artiste transforme et donne une seconde vie à ses prises de vues, mais il revisite aussi les protocoles de production d’une photographie argentique par une hybridation chimico-photono-numérico-sensible. Dès ses débuts le médium photographique contient une double orientation entre représentation et matérialité. Les procédés techniques sont le moyen d’apparition de l’image mais aussi l’objet même d’une œuvre. La révolution numérique conduit les artistes, historiens et curateurs à se reposer des questions ontologiques de comment faire ou diffuser des images face à un nouvel univers de possibilités. Des questions légitimes, puisqu’elles permettent à l’artiste de se réapproprier sa chaine de production. Chez Cyril Porchet les papiers sont préalablement malmenés, coupés, pliés, froissés jusqu’à obtenir des surfaces accidentelles révélées par l’image projetée ou par le laser. Ces rayons qui vous bruleraient la cornée sont projetés brutalement sur ces papiers altérés. Le hasard laisse apparaitre d’étranges éclats ardents. Ces oeuvres résistent au langage et souligne l’instabilité qui habite chaque objet d’art.

Sébastien Leseigneur

Cyril Porchet (1984) est un photographe basé à Lausanne. Diplômé de l’ECAL à Lausanne (Suisse) et il est exposé dans différents musées et galeries, (entre autres à la Maison Européenne de la Photographie de Paris et au Museum für Gestaltung, à Zurich).

Projet La BOX
automne-hiver 2021-2022

Le Programme pensé pour l’année 2022 se concentre dans la partie vitrine et le nouveau support perpendiculaire appelé la BOX. Un déploiement dans l’espace aura lieu durant les résidences d’artiste et sera accessible au public lors d’événements ponctuels.

Parallèlement au programme trois réimpressions de toiles enseigne sont pensées pour l’enseigne comme support de monstration perpendiculaire.
Démarré cet automne ce nouveau concept curatorial permet de ce déployer et rester actif pendant les périodes incertaines.

Informations concernant le projet La BOX

Le projet curatorial La BOX consiste à prolonger l’activité artistique de l’espace d’art indépendant Le Labo, en installant, à l’extérieur de l’arcade, une enseigne lumineuse en hauteur, perpendiculaire aux vitrines de l’espace. Conçue comme une plateforme d’exposition alternative visible de jour et de nuit, indépendamment de la fluctuation des restrictions sanitaires et de la distanciation sociale.

Le nouveau support enseigne, nommé La BOX aura une fonction communicationnelle et de diffusion élargira le spectre des possibles ouvrant aussi de nouvelles collaborations avec des artistes visuels, mais également donnera une nouvelle fonction au Labo qui prévoit de développer désormais des formes immatérielles en 2022.