Mardi 20 juin, book launch et exposition de la série Chicanes d’Elisa Larvego.


Mardi 20 juin à 18h – Book launch de CHICANES un livre publié aux éditions Miami Books et JB books & projects (Joerg Bader) avec les photographies de la série Chicanes et un entretien de Marie-José Mondzain.


Exposition du 20 juin au 15 juillet
Horaire d’été : du jeudi au samedi, de 15h à 19h

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Extrait de l’entretien avec Marie-José Mondzain :

« Cette série d’Élisa Larvego sur les chicanes est très importante, parce qu’elle est la trace de quelque chose – d’un événement – dont le pouvoir souhaite l’oubli ou la disparition. Ces images sont la mémoire, le témoignage de ce qui doit être effacé : la résistance de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (1).

La série Chicanes m’a beaucoup touchée, à plusieurs niveaux. Déjà, je suis saisie par les ambivalences du mot lui-même, qui est à la fois, en français, le zigzag de décélération et la désignation d’un désaccord, voire d’un conflit marqué par une certaine mauvaise foi. Aujourd’hui, pour entrer dans une station de métro ou pour accéder aux jardins urbains, on doit exécuter d’étranges reptations entre une quinconce de portillons métalliques. L’administration des parcs et jardins de Paris a installé des chicanes pour ralentir et entraver les courses illicites. Il y a donc cette politique de l’obstacle qui accompagne toute mesure policière. L’organisation de l’espace des déplacements rend visible le conflit des stratégies d’installation et de réponses aux poursuites.

Cette politique de l’espace recèle d’autres dimensions : les chicanes sont ici constituées de débris, de choses usées ou inutilisables, jetées, qui trouvent ici leur utilité, leur usage politique. Les « montages » d’éléments choisis, construits, ressemblent à ce qu’on pourrait appeler un « dépotoir », un tas aléatoire qui semble plutôt désordonné car il n’y a pas d’intention esthétique, mais c’est pourtant la composition d’une forme destinée à faire barrage non seulement à la vitesse des corps mais aussi à leur agression possible. Il se joue une sorte de radicalité qui pourrait faire penser à l’esprit de l’Arte Povera. Que peut-on créer avec ce qui reste, sans essayer de le transformer en quelque chose d’harmonieux ? Il faut en effet qu’il y ait à la fois de la forme et une allusion indirecte à un chaos qui indique à son tour la présence du conflit dans la forme elle-même. (…) »