Le Labo espace d’art indépendant

Gazette n°1 – octobre 2024

Comment l’Espace Labo, fondé en 2008 pour répondre à la fermeture des lieux alternatifs à Genève, peut-il réévaluer son rôle et ses objectifs face à un contexte culturel et économique qui a profondément changé ? À l’origine, le projet visait à préserver une dynamique anarcho-économique, autogérée et autofinancée. Cependant, avec l’introduction progressive du soutien institutionnel à partir de 2011, notamment de la Ville de Genève, de la Loterie Romande et de la FPLCE, les valeurs fondatrices d’autonomie ont-elles été compromises ?

En cherchant ces soutiens, a-t-on sacrifié une part de l’indépendance du Labo, qui voulait initialement se détacher des logiques marchandes et de la production pour la vente ? Est-il possible de maintenir une réelle autonomie artistique tout en répondant aux exigences institutionnelles et économiques qui se sont imposées au fil des années ?

Aujourd’hui, avec un contexte économique qui influence de plus en plus les choix individuels et collectifs, est-il possible de concilier la vision d’origine avec la réalité contemporaine ? Comment ces contradictions affectent-elles la gestion des projets, notamment en ce qui concerne le soutien aux artistes ? Ce soutien, bien qu’existant, est-il suffisant pour affirmer le rôle du Labo comme espace d’art engagé ?

La question se pose également sur la visibilité du Labo lui-même : avec des expositions ponctuelles et une inscription difficile dans le tissu culturel actuel, comment peut-il affirmer son rôle et son utilité ? Le manque de reconnaissance ou d’impact visible soulève une interrogation fondamentale : comment redonner du sens à ce projet ? Quels ajustements ou transformations seraient nécessaires pour que le Labo retrouve sa pertinence dans le paysage artistique et culturel genevois ?

Finalement, à travers ce parcours de plus de quinze ans, doit-on reconsidérer le modèle initial ? Est-il encore adapté aux nouvelles attentes des artistes et du public ? L’Espace Labo peut-il se réinventer sans renoncer à ses valeurs fondatrices, ou faut-il repenser radicalement son avenir et sa mission ?

©KA / AA